Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/344

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fût le marquis, se sentaient émus de pitié devant cette agonie si fièrement subie.

— Je sens venir la mort, reprit le marquis d’une voix de plus en plus faible ; adieu, retirez-vous.

— Adieu, mon frère, dit Olivier avec émotion ; je vous pardonne le meurtre de ma pauvre sœur ; puisse Dieu vous prendre en pitié !

Le marquis ne répondit que par un sourire funèbre, la mort flottait déjà sur ses lèvres il fit un dernier geste d’adieu, et il se renversa sur son lit, où il demeura immobile, le regard perdu dans l’espace.

Olivier remit son masque, don Sylvio Carvajal frappa à la porte ; elle s’ouvrit aussitôt ; les deux hommes se hâtèrent de sortir.

— Souvenez-vous ! dit Olivier au directeur.

— Celui-ci s’inclina respectueusement.

— Ai-je tenu ma promesse ? dit Olivier au chef de la police, quand ils se retrouvèrent dans la voiture.

— Noblement, monseigneur.

— Cependant, si j’avais soupçonné les ordres que vous avait donnés le grand juge, j’aurais refusé de vous accompagner, reprit-il avec ressentiment.

— Peut-être auriez-vous eu tort, monseigneur. Ce secret terrible reste maintenant entre nous deux ; je ne le révélerai pas, moi ajouta-t-il avec un regard d’une expression singulière.

— Ni moi répondit Olivier en laissant tomber avec un soupir douloureux sa tête sur sa poitrine.