— J’ai rêvé ! dit-il d’une voix basse et entrecoupée quel horrible rêve ! oh !
Puis il sembla recouvrer la mémoire un instant suspendue ; l’intelligence revenait.
— Pourquoi suis-je ainsi sur le bord de ce fossé ? demanda-t-il.
— Vous avez perdu connaissance tout à coup, monseigneur, répondit le médecin occupé à bander la saignée ; nous vous avons transporté ici afin de vous soigner plus facilement, mais à présent c’est fini : tout danger est écarté.
— J’ai donc couru un danger ?
— À votre âge, un évanouissement est toujours sérieux, monseigneur.
— C’est vrai, murmura-t-il. Mais tout à coup il se souvint : Ma fille ! ma pauvre enfant ! s’écria-t-il avec désespoir.
Et il fondit en larmes.
Il pleure, il n’y a plus rien à craindre, murmura le médecin à l’oreille d’Olivier.
— Mon père, dit Olivier, ne voulez-vous pas remonter en voiture ?
— Oui, mon fils, partons, partons au plus vite, répondit-il en essayant de se lever.
Olivier l’enleva dans ses bras et le porta dans la voiture, qui repartit à fond de train.
Une demi-heure s’écoula. Le duc pleurait ; Olivier se sentait suffoquer par les efforts qu’il faisait pour paraître calme.
Enfin, le duc releva la tête.
— Olivier, dit-il à son fils, puisque la douleur ne m’a pas tué sur le coup, je la dompterai. Je suis plus calme ; racontez-moi ce qui s’est passé, dites-