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Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/354

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moi la vérité tout entière, si horrible qu’elle soit ; je tiens à tout savoir.

— Mon père, je vous en supplie, répondit Olivier, attendez encore.

— Non, mon fils, mieux vaut en finir tout de suite : peut-être, plus tard, n’aurais-je pas la force nécessaire pour vous bien entendre. Je vous en prie, Olivier, parlez !

— Que votre volonté soit faite, comme toujours, mon père.

Et alors il raconta au duc, sans rien omettre, tout ce qui s’était passé. Le vieillard pleurait, mais il écoutait avec une attention soutenue ; il n’interrompit pas une seule fois son fils, si pénible que fût pour lui ce récit.

— Bien, mon fils, dit-il lorsque Olivier se tut : vous vous êtes conduit en véritable Pacheco, je vous remercie ; l’honneur de notre maison est sauf, et cependant justice a été faite de ce misérable, il a expié son forfait. Mais ma fille ! malheureuse enfant ! pourquoi suis-je arrivé si tard ? j’aurais voulu la voir encore une fois, une seule ! avant qu’elle eût été scellée pour toujours dans la tombe, hélas !

— Mon père, répondit Olivier avec tendresse, j’ai prévenu ce désir de votre cœur : j’ai voulu attendre votre retour avant que d’ordonner les obsèques de ma sœur ; vous êtes le chef de notre famille, vous seul devez présider cette triste cérémonie. Ma sœur a été embaumée et placée sur un lit de parade ; quatre prêtres de la cathédrale, se relayant de deux heures en deux heures, prient jour et nuit à son chevet.

— Merci, mon fils : cette fois encore vous aurez