Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/361

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Olivier prit par la main les deux plus jeunes enfants, poussa les deux aînés devant lui, et pénétra dans la chambre à coucher, suivi du gouverneur conduisant les deux derniers.

Cette vaste pièce n’était éclairée que par une seule lampe, recouverte d’un abat-jour et dont la mèche était baissée pour ne pas blesser les yeux du malade ; sauf le lit, placé en pleine lumière, toutes les autres parties de la chambre restaient presque obscures, ce qui lui donnait un aspect véritablement sépulcral.

Les enfants, encore mal éveillés, frissonnèrent et pâlirent en pénétrant dans cette chambre, où, pour la première fois, ils étaient introduits depuis la maladie de leur grand-père. Sur un geste muet de leur oncle, ils s’agenouillèrent auprès du lit et joignirent les mains avec ferveur, pâles, tremblants et les yeux pleins de larmes.

Olivier se plaça debout au chevet du duc.

— Qui est là ? demanda le vieillard d’une voix faible.

— C’est moi, mon père ; je viens ainsi que vous me l’avez ordonné.

— Mes petits-enfants sont-ils là ?

— Oui, monseigneur ils pleurent, agenouillés près de votre lit.

— Relevez la mèche de cette lampe, mon fils ; enlevez l’abat-jour : je veux, une fois encore, voir ces pauvres orphelins.

Olivier obéit ; une lumière éclatante illumina soudain cette partie de la chambre. Aidé par son fils, le vieillard s’assit sur son lit.

— Chers enfants, dit-il avec attendrissement, en les contemplant avec une expression indicible