Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/362

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d’amour paternel, j’ai beaucoup aimé votre mère ; je ferai pour vous tout ce qui me sera possible ; mais j’ai un fils, c’est à lui que ma fortune appartient. Votre oncle vous aime, je lui confie le sort des orphelins de sa sœur. Je suis sûr de son cœur : vous n’aurez jamais de meilleur ami.

— J’accepte avec joie ce précieux dépôt, interrompit Olivier avec effusion ; les enfants de ma sœur trouveront en moi un père ; recevez-en ma promesse, monseigneur.

— Je vous connais, mon fils ; aussi je vous laisse libre d’agir au mieux des intérêts des orphelins. Approchez, mes enfants, regardez-moi : comprenez en me voyant combien l’homme est peu de chose quand il va comparaître devant son créateur ; que ce spectacle ne sorte jamais de votre mémoire. Souvenez-vous, lorsque vous serez hommes, que jamais, quoi qu’il advienne, un gentilhomme ne doit transiger avec son honneur. Nous sommes tous égaux devant la mort ; les fautes commises dans l’emportement de la passion pèsent lourdement dans la balance de la justice divine. Méditez ces paroles et souvenez-vous que, partout et toujours, il faut se sacrifier au devoir.

Il y eut un court silence, puis le vieillard reprit d’une voix attendrie :

— Enfants de ma fille, soyez bénis ! Puisse le ciel ne pas faire peser sur vous la malédiction prononcée au tribunal divin contre vos grands parents, et ne pas vous punir de leurs fautes ! Maintenant, adieu, pauvres et chers enfants ; nous ne nous reverrons plus sur cette terre.

Les enfants éclatèrent en sanglots, et, après