Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/386

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— Hum ! Au cas où le mien n’existerait pas, celui-là aurait-il son effet ?

— Certes, monseigneur, il aurait force de loi.

— Ainsi il serait inattaquable ?

— Oui, monseigneur, puisque, à votre défaut, les enfants de votre sœur sont les plus proches héritiers de votre père.

— Vous en êtes certain ?

— Il n’y a pas le moindre doute à avoir, monseigneur mais je vous le répète, ce testament est annulé par celui fait en votre faveur.

— C’est vrai ; voyons-le encore.

— Le voici, monseigneur.

Tout en causant ainsi, Olivier roulait nonchalamment une cigarette entre ses doigts ; il jeta le testament dans la cassette avec tous les autres papiers, puis il tordit un morceau de papier blanc, l’alluma au feu de la cheminée et l’approcha de sa cigarette, puis il le laissa tomber tout enflammé dans la cassette dont les papiers prirent feu aussitôt.

Ivon Lebris, le banquier, le notaire lui-même s’élancèrent ; Olivier les retint.

— Laissez brûler, dit-il froidement.

— Mon Dieu ! monseigneur, c’est la ruine !

— Non, répondit-il avec un sourire énigmatique, c’est la liberté ! c’est le devoir !

La duchesse s’était glissée silencieusement dans le fumoir, personne n’avait remarqué sa disparition.

Cependant la flamme avivée par Olivier, avait accompli son œuvre ; de tous ces papiers précieux il ne restait plus que quelques pincées de cendres au fond de la cassette.