Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/41

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Il ouvrit son portefeuille et y prit une lettre dont il montra la suscription à l’inconnu. Celui-ci la lut d’un coup d’œil, et, après s’être respectueusement incliné :

— Voici ce que je suis chargé de vous remettre, dit-il en s’inclinant.

Et à son tour il présenta au capitaine une lettre scellée avec un cachet armorié.

Olivier tressaillit en reconnaissant le cachet ; il ouvrit la lettre d’une main frémissante et la parcourut rapidement des yeux ; puis il pâlit affreusement et laissa tomber sa tête sur sa poitrine.

— J’attends la réponse que vous daignerez me faire, reprit l’inconnu d’une voix pleine de douceur et de tristesse.

Olivier se redressa et passa la main sur son front, moite d’une sueur froide.

— Que faut-il faire ? demanda-t-il au mystérieux messager.

— Me suivre.

— Bien loin ?

— Au château de Hauteville.

— Soit, reprit-il où se trouve ce château !

— À dix minutes de la ville, à peine, en marchant bon pas.

— Je vous avertis, monsieur, que votre déguisement ne me trompe qu’à demi ; je sais reconnaître un Espagnol d’un Français, et un gentilhomme sous une veste de bure.

— Que voulez-vous dire, monsieur ?

— Simplement ceci : plusieurs guets-apens m’ont été dressés déjà ; je suis armé et résolu : au premier mouvement suspect, je vous fais sauter la cervelle. Est-ce clair ?