Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/53

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d’elle après sa mort. J’ai l’honneur de vous saluer.

Et, après s’être sèchement incliné devant le comte, il lui tourna le dos et sortit de la salle, le laissant tout interloqué l’écrin à la main.

— Pauvre duchesse murmura le comte, il ne veut même pas conserver un souvenir d’elle.

Et il se retira douloureusement affecté du mauvais résultat de sa visite.

Cinq jours plus tard, furent célébrées, à Vevey, les obsèques de la duchesse de Rosvego, avec cette pompe fastueuse que l’Église catholique sait déployer dans certaines circonstances : aux funérailles des riches et des grands, par exemple.

Le corps de la duchesse avait été embaumé pour être plus tard transporté en Espagne dans la sépulture de ses ancêtres : son inhumation dans le cimetière de Vevey n’était donc que provisoire.

Pendant trois jours le corps était resté exposé aux regards de tous, étendu sur un lit de parade, dans un vaste salon disposé en chapelle ardente.

Une foule immense, venue de dix lieues à la ronde, suivit pieusement le convoi.

Lorsque la cérémonie fut terminée, que tous les assistants se furent éloignés les uns après les autres, un homme émergea lentement d’un massif de cyprès au milieu duquel il s’était jusque-là tenu caché, s’approcha de la tombe, s’agenouilla et pria avec recueillement.

Cet homme était Olivier Madray.

Soudain il sentit une main s’appuyer légèrement sur son épaule.

Il se retourna, et reconnut avec surprise le comte de Villa-Hermosa.