Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/54

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— Que me voulez-vous ? lui demanda-t-il froidement.

— Que faites-vous là ? répondit le comte.

— Vous le voyez, je prie, dit-il, sur cette tombe à peine fermée.

— Ah ! fit le comte, vous prétendiez ne pas la connaître, et vous priez pour elle ?

Un sourire d’une expression étrange passa sur le visage pâle du jeune homme.

— Vous vous trompez, dit-il avec un accent glacé, je ne prie pas pour cette femme ; je prie Dieu, qui seul connaît les crimes qu’elle a commis, d’être miséricordieux pour elle et de lui pardonner, parce que seul il est assez puissant pour le faire…

— Serez-vous donc implacable, même après la mort ?

— Ma vie a été brisée à la première heure de ma naissance, froidement, lâchement, par celle qui est là ; vivante, elle me haïssait et me poursuivait de sa haine jusqu’à faire attenter à ma vie ; morte, c’est à moi à la haïr : la mort ne rompt pas les affections, pourquoi romprait-elle les haines ? Allez, notre voie n’est pas la même.

— Que Dieu vous juge.

— Lui-même a mis ce sentiment dans mon cœur, donc il m’approuve ; laissez-moi le prier encore.

Le comte de Villa-Hermosa étouffa un sanglot et s’éloigna à pas lents.

Olivier s’agenouilla de nouveau et reprit sa prière, mais cette fois avec des larmes et des sanglots déchirants.

Vers le soir, un peu avant le coucher du soleil, M. Maraval pénétra dans le cimetière, marcha