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Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/82

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trois nouveaux gouvernements républicains méditaient contre l’Espagne.

Aussi son étonnement fut-il grand, lorsqu’à son arrivée à Santiago la vérité lui fut révélée par le consul colombien d’abord, et ensuite par le président de la république lui-même, et confirmé deux heures plus tard par le ministre de la marine, qui lui fit la plus cordiale et la plus chaleureuse réception.

Quelques jours plus tard, ses dépêches lui furent remises ; le jeune capitaine reçut l’ordre de retourner à Valparaiso en toute hâte, et de se mettre aux ordres de l’amiral Cochrane.

Olivier reçut les dépêches avec une certaine répugnance : non pas que l’expédition méditée contre le Callao lui déplût ; mais, tenant beaucoup à sa liberté d’action et d’allures, il lui répugnait au plus haut point de voir enchaîner cette liberté et d’être contraint d’obéir à une impulsion étrangère.

Olivier était un véritable corsaire, capricieux et volontaire, professant une haine instinctive pour tout ce qui, de près ou de loin, ressemble à de la sujétion, et par conséquent détestant au fond du cœur la marine militaire, où tout marche par pieds, pouces, poids et mesures, avec une monotonie désespérante.

Mais, cette fois, quel que fût son amour de la liberté, il lui fallait faire contre mauvaise fortune bon visage : son honneur était en jeu ; sous aucun prétexte il ne lui était possible de désobéir aux ordres qu’il avait reçus ; il prit donc d’un air souriant congé des autorités chiliennes, ainsi que du consul colombien, quitta Santiago et revint en toute hâte à Valparaiso.