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Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/95

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Plusieurs navires brûlaient ; le feu se communiquait de l’un à l’autre.

La rade était éclairée de lueurs sinistres ; on voyait bondir, la hache au poing, les équipages confédérés, escaladant les navires ennemis et se ruant à l’abordage avec des clameurs terribles.

C’était un spectacle d’une beauté horrible et saisissante.

La mort était partout, sur toutes les faces.

On ne donnait plus d’ordres ; chacun combattait pour son compte.

La bataille prenait des proportions épiques.

À terre la lutte continuait avec un acharnement inouï. Les roulements rauques des canons se mêlaient aux crépitements secs de la fusillade. Les cris d’agonie commençaient à se mêler aux cris de fureur.

On tuait, on tuait toujours ! sans pitié ! avec une rage de démons !

Sur les ponts des navires, dont les dalots avaient été bouchés, les combattants avaient du sang presque jusqu’à mi-jambe ; on se hachait, on se tailladait à coups de hache, de sabre ou de pique ; on se brûlait la cervelle à bout portant ; on se prenait corps à corps, on se piétinait avec des mugissements de fauves ! À chaque seconde, la mêlée devenait plus atroce, la lutte plus épouvantable !

C’était un massacre, une tuerie, une boucherie sans nom dans aucune langue !

Olivier s’était accroché à une corvette, que deux autres bricks attaquaient, eux aussi, de leur côté.

Tout à coup, l’équipage effaré de ce bâtiment avait vu surgir comme autant de démons les cor-