Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/96

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saires, sautant dans les haubans, se glissant par les sabords, bondissant par dessus les bastingages à l’avant, à l’arrière, à tribord, à bâbord, partout enfin, et de tous les côtés à la fois !

Le commandant de la corvette était un vieux marin, d’une bravoure à toute épreuve ; il répondait à coups de pistolet aux sommations de se rendre que lui faisaient les corsaires ; il excitait son équipage à se défendre vaillamment, ce que celui-ci faisait, du reste, avec toute l’énergie du désespoir.

Sombres, silencieux, ces braves gens tombaient l’un après l’autre sans reculer d’une semelle, mais non sans vengeance ; leur nombre diminuait rapidement, ils serraient leurs rangs et continuaient obstinément cette lutte, sans autre issue que la mort !

Tout à coup les cris : au feu ! au feu ! se firent entendre.

Un brûlot était venu s’accrocher à l’avant de la corvette, dans les manœuvres de laquelle il s’était solidement amarré ; les flammes s’étaient aussitôt attachées à la mâture, grimpaient le long des haubans, couraient sur les étais et faisaient flamber les voiles.

— À bord, en double, ceux du Hasard ! cria Olivier d’une voix de tonnerre.

— À bord tous ! répéta Ivon.

— À bord, la Santa-Maria !

— À bord, le Relampago !

Crièrent les autres capitaines à leurs équipages.

Les corsaires s’élancèrent en courant.

Ils mettaient autant de hâte à fuir la corvette en feu, qu’ils en avaient mis à l’aborder !