Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/113

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moins, vous serez mort c’est un miracle que vous soyez encore vivant.

— Oh ! oh ! c’est dur de mourir ainsi. Enfin, il faut se résigner ; le démon m’avait bien dit qu’il me tuerait ! Et il ajouta après un instant : L’ai-je blessé ?

— Avant une heure il n’aura plus besoin de mes soins, répondit le médecin avec un sourire énigmatique, ils lui seront inutiles…

— Allons ! c’est toujours une consolation ! dit le comte, dont la voix faiblissait. Merci ! docteur. Approchez, señor don Santiago de Salaberry, dit-il à son jeune témoin, penchez-vous sur moi.

Le jeune homme s’agenouilla et se pencha vers le blessé, qui murmura quelques mots à son oreille.

— Vous répéterez ces paroles, ajouta-t-il en terminant ; textuellement, n’est-ce pas ?

— Je vous jure, répondit d’une voix tremblante le jeune homme, que la confidence étrange qu’il avait écoutée avait rendu livide, je vous jure que je le ferai.

– Merci, dit le comte.

Tout à coup, ses yeux s’égarèrent, une écume sanglante vint à ses lèvres, un tremblement convulsif agita tout son corps.

— Mon Dieu !… ma mère !… Louise !… Adieu ! Ah ! s’écria le comte d’une voix entrecoupée, Dieu !… mourir… Ah !…

Il fit un brusque mouvement comme pour se lever, poussa un cri d’agonie terrible et retomba en arrière.

Il était mort !…

En ce moment Ivon Lebris reparut ; le patron