Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/26

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— Vous voilà enfin docteur ! dit Ramillete en saluant le médecin.

— Tout à vos ordres, cher señor, répondit celui-ci en s’inclinant.

— Vous voudrez bien vous abstenir de déclarer la naissance de l’enfant, dit brusquement Ramillete.

— Cependant, il avait été convenu…

— C’est vrai, mais j’ai changé d’avis.

— Comme il vous plaira.

— Demain, à neuf heures du soir, je viendrai prendre l’enfant pour le confier à la nourrice.

— Et la mère ?

— Elle restera chez vous jusqu’à nouvel ordre ; en emportant l’enfant, je vous remettrai quatre mille piastres.

— Quatre mille piastres ! s’écria le médecin, dont les yeux brillèrent de convoitise.

— Oui, reprit avec bonhomie Ramillete, et si je suis satisfait de vous, c’est-à-dire de votre discrétion, peut-être ferai-je plus.

— Un médecin est un confesseur, señor ; je serai muet.

— Vous aurez d’autant plus raison, que cette discrétion ne sera pas mise à une longue épreuve.

— Que voulez-vous dire, señor ?

— N’avez-vous pas adressé une demande au président de la chambre des comptes des Indes, pour être nommé chirurgien en chef du grand hôpital de la ville de Lima, capitale de la vice-royauté du Pérou ?

— Eh quoi vous savez ? s’écria-t-il avec surprise.

– Le fait est-il exact ?