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Du reste, il était grandement temps que le bonhomme cherchât son salut par la fuite, car la drogue soporifique précipitait son influence sur un sujet aussi bien préparé que lui naturellement.

Sa retraite, toute hâtive qu’elle fût, ne s’effectua pas sans les plus grands efforts : il tomba au moins vingt fois pendant le trajet, un cercle de plomb lui paraissait peser sur sa tête, un voile couvrait ses yeux, il ne savait plus ce qu’il faisait et arriva à son wigwam, comme par miracle. Là, il roula sur le sol à côté de sa femme et s’abandonna au repos qu’il avait si bien gagné.

Comme on pouvait s’y attendre, la squaw se réveilla la première, mais ce ne fut pas de bonne heure.

L’après-midi du lendemain était fort avancée lorsqu’elle parvint, non sans peine, à ouvrir ses yeux dont les paupières semblaient collées l’une à l’autre. Il lui fallut plusieurs minutes pour se remettre de sa torpeur et rentrer en possession de toutes ses facultés.

Les premiers regards qu’elle promena autour d’elle, lui montrèrent gisants par terre les corps, en apparence inanimés, de ses enfants et de son mari…