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retourne dans mon lit ; plus moyen de fermer l’œil.

Au bout d’un instant, j’entends Big Mose se lever doucement et descendre du lit ; il faisait tout son possible pour éviter le bruit parce qu’il me croyait endormi. Il va comme un chat jusque sur l’escalier. Je mourais d’envie de savoir ce qu’il faisait ; je l’entendais aller et venir… « Que faites-vous, Mose ? » — « Je fais mes prières pour la dernière fois, car les Indiens sont par là, bien sûr ! » Moi, je n’eus pas le courage de rien dire ; le cœur me manquait ; je me mis à réciter mes prières dans mon lit.

Cependant Big Mose marmottait et faisait des soupirs ; moi je tremblais comme une feuille ; Ciel ! bon Dieu ! voilà que, tout à coup, je vois comme une clarté au travers des volets, je regarde… le feu était à l’écurie. En même temps des hurlements s’élèvent dans le bas de la maison. Big Mose pousse un cri épouvantable et se met à courir. — Pan ! pan ! pouf ! voilà des coups de fusil tout autour de nous.

Les Indiens étaient partout, brûlant, hachant, hurlant, fusillant, massacrant les pauvres nègres à mesure qu’ils paraissaient. Alors j’ai vu miss Mary.