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Page:Aimard - Rayon de soleil, 1866.djvu/94

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les drames du nouveau-monde



élan ; à peine ses mocassins laissaient une légère empreinte sur le limon fangeux où tout autre se serait englouti.

Sur son passage il renversa un tronc d’arbre creux duquel s’échappa un bruit étrange : en même temps un énorme serpent à sonnettes sortit de la cavité et s’élança vers lui, en agitant sa queue avec ce fracas sinistre auquel les reptiles de cette espèce doivent leur nom.

Le Huron s’arrêta, passa son rifle (carabine) de la main gauche dans la droite ; l’enleva par le canon, la crosse en l’air. La gueule caverneuse du monstre lui présentait sa double rangée de crocs venimeux, au milieu desquels s’agitait sa langue mince et rouge comme un filet de sang. Les yeux de l’animal pétillèrent, il se redressa gonflant son cou souple et aplati, faisant briller les écailles blanches de son ventre.

Oonomoo s’approcha lentement, la crosse levée : quand il fut à un demi pas de distance et qu’il vit le monstre prêt à s’élancer, il abattit son arme avec une force et une rapidité foudroyantes. Un craquement sec comme l’éclat d’une capsule fulminante répondit au coup : la tête du serpent, détachée du tronc, vola à vingt pieds dans le