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ment au travers du marais jusqu’à environ un quart de mille : là ils abordèrent une langue de terre, et après avoir caché leur canot dans les joncs, ils s’enfoncèrent dans les buissons touffus qui bordaient le rivage.

Ce territoire nouveau différait totalement des plaines humides qu’Oonomoo venait de traverser. Des pelouses vertes et luxuriantes, des bosquets impénétrables d’arbres gigantesques, d’interminables guirlandes de ronces entrelacées encombraient le sol avec un luxe de végétation indescriptible. Niniotan n’hésitait jamais, et trouvait hardiment son chemin dans ce fouillis de branches, d’épines, de troncs enchevêtrés : un lapin aurait eu peine à égaler la souplesse agile et silencieuse avec laquelle les deux Indiens parcouraient les sinuosités de ce dédale sauvage.

Enfin ils arrivèrent à une éminence de terre émaillée de gazons et de fleurs brillantes : d’énormes buissons l’entouraient d’un si épais rideau que pour la découvrir il fallait y être dessus ; tous les Shawnees de la contrée auraient pu venir rôder dans ces parages sans soupçonner même l’existence de cette profonde retraite,