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albert d’aix.

faibles moyens, d’écrire d’une main novice et peu exercée l’histoire des travaux et des misères, de la foi inébranlable et du bon concert des vaillans princes et de tous les autres hommes qui se liguèrent pour l’amour du Christ. Je dirai comment ils abandonnèrent leur patrie, leurs parens, leurs femmes, leurs fils et leurs filles, leurs villes, leurs châteaux, leurs champs, leurs royaumes et toutes les douceurs de ce monde, laissant le certain pour l’incertain, et recherchant l’exil au nom de Jésus-Christ ; comment ils se mirent en route pour Jérusalem, marchant en grand nombre et formant des armées considérables ; comment, vainqueurs dans leurs audacieuses attaques, ils mirent à mort des milliers de Turcs et des légions de Sarrasins ; comment ils ouvrirent et aplanirent l’accès du sépulcre sacré de Notre-Seigneur Jésus-Christ, et comment ils firent entièrement cesser le paiement des redevances et des tributs qu’on exigeait des pélerins qui desiraient visiter ces lieux.

Un prêtre, nommé Pierre, d’abord ermite, né dans la ville d’Amiens, située à l’occident, dans le royaume des Francs, se servit le premier de tous les moyens de persuasion qu’il eut en son pouvoir pour encourager à cette entreprise ; et devenu prédicateur dans le Berri, province de ce royaume, il fit entendre de tous côtés ses exhortations et ses discours. Répondant à ses avertissemens et à ses invitations assidument renouvelées, les évêques, les abbés, les clercs et les moines, et, après eux, les laïques les plus nobles, les princes de divers royaumes, tout le peuple, tant les hommes chastes que les incestueux, les adultères, les homicides, les voleurs, les parjures, les brigands,