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histoire des croisades ; liv. i.

des Gentils. En effet, le seigneur empereur, nommé Alexis, répondit avec bonté à ces demandes et consentit à tout.

Peu de temps après le départ de Gautier, Pierre se mit en marche pour Jérusalem, suivi d'une armée innombrable comme le sable de la mer, qui s’était réunie à lui de divers royaumes, et se composait de Français, de Souabes, de Bavarois, de Lorrains. Dirigeant sa marche vers le royaume de Hongrie, il dressa ses tentes devant les portes de Ciperon avec toute l’armée qu’il traînait a sa suite. De là il envoya des députés au souverain de ce royaume pour lui demander la permission d’y entrer et de le traverser avec tous ses compagnons de voyage. Il en obtint l’autorisation, sous la condition que l’armée ne ferait aucun dégât sur les terres du roi, et qu’elle suivrait paisiblement sa route en achetant les choses dont elle aurait besoin, sans querelle et à prix débattu. Pierre se réjouit beaucoup de ces témoignages de la bienveillance du roi envers lui-même et tous les siens ; il traversa tranquillement le royaume de Hongrie, donnant et recevant toutes les choses nécessaires en bon poids et bonne mesure, selon la justice, et il marcha ainsi avec toute sa suite et sans aucun obstacle jusqu’à Malaville. Comme il approchait du territoire de cette ville, la renommée lui apprit, ainsi qu’à tous les siens, que le comte de ce pays, nommé Guz, l’un des primats du roi de Hongrie, séduit par son avidité, avait rassemblé un corps de chevaliers armés et arrêté les plus funestes résolutions avec le duc Nicétas, prince des Bulgares et gouverneur de la ville de Belgrade, afin que celui-ci, à la tête de ses vaillans sa-