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albert d'aix.

tellites, combattît et massacrât ceux qui avaient précédé Pierre l’Ermite, tandis que lui-même attaquerait et poursuivrait, avec ses chevaliers, ceux qu’il trouverait sur les derrières ; en sorte que cette nombreuse armée pût être entièrement dépouillée, et perdît ainsi ses chevaux, son or, son argent et tous ses vêtemens, que devaient se partager les vainqueurs. En apprenant ces nouvelles, Pierre ne voulut pas croire que les Hongrois et les Bulgares, qui étaient chrétiens, osassent commettre de si grands crimes ; mais lorsqu’il fut arrivé à Malaville, il vit, et ses compagnons virent aussi suspendues encore aux murailles de la ville les armes et les dépouilles des seize hommes de la troupe de Gautier que les Hongrois avaient surpris tandis qu’ils étaient demeurés en arrière, et dépouillés sans remords. En apprenant l’affront fait a ses frères, en reconnaissant leurs armes et leurs dépouilles, Pierre excite ses compagnons à la vengeance. Aussitôt ceux-ci font résonner les cors bruyans, les bannières sont dressées, ils volent à l’attaque des murailles, lancent des grêles de flèches contre ceux qui occupent les remparts et les accablent sans relâche d’une si grande quantité de traits, que les Hongrois, hors d’état de résister à l’impétuosité des Français qui les assiègent, abandonnent les remparts, osant à peine croire qu’il leur soit possible de faire face, dans l’intérieur même de la ville, aux forces qui les attaquent. Alors un certain Godefroi, surnommé Burel, né dans la ville d’Étampes, chef et porte-enseigne d’une troupe de deux cents hommes de pied, et qui était lui-même à pied, homme plein de force, voyant les ennemis quitter les remparts en fuyant, saisit une échelle qu’il