semblés de divers côtés, tous se remirent en marche et arrivèrent dans une certaine ville où ils ne trouvèrent ni meubles ni habitans ; ils y établirent leur camp et attendirent encore que d’autres de leurs compagnons vinssent les rejoindre. Mais comme ils ne pouvaient chercher ni trouver aucune espèce de vivres dans ces lieux abandonnés, ils éprouvaient une excessive pénurie ; ils avaient perdu plus de deux mille chars et chariots chargés de grains, d’orge et de viandes bonnes à manger, et ils ne rencontraient absolument personne qui pût leur offrir quelque chose. Ce malheur leur était arrivé dans le mois de juillet, à l’époque où les blés et les autres fruits de la terre sont mûrs dans ce pays et jaunissent pour être moissonnés. Tandis que le peuple était tourmenté par la faim, les hommes les plus avisés imaginèrent de faire rôtir les grains, produit des récoltes qu’ils trouvaient en état de maturité dans les environs de la ville déserte, et de s’en servir pour apaiser les besoins de cette population affamée. Pendant trois jours en effet elle vécut de cette nourriture, jusqu’à ce qu’enfin les fuyards et ceux qui s’étaient dispersés fussent réunis au nombre de trente mille hommes environ, car dix mille hommes avaient été tués.
Cependant les députés du duc arrivèrent auprès du seigneur empereur de Constantinople et lui rapportèrent tous les malheurs qui étaient arrivés aux Bulgares ; ils lui dirent comment l’armée des pélerins avait massacré les Hongrois à Malaville, et comment, arrivés auprès de la ville de Nissa, ils avaient rendu à ses habitans le mal pour le bien, non cependant sans en recevoir ensuite la punition. L’empereur, dès qu’il