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histoire des croisades ; liv. i.

eut appris ces faits, envoya des députés à Pierre ; celui-ci avait abandonné la ville déserte, et les députés le trouvèrent arrivé, avec toute sa suite, dans la ville de Sternitz. En vertu des ordres de l’empereur, ils lui adressèrent les paroles suivantes : « Pierre, le seigneur empereur a reçu des plaintes graves contre toi et ton armée, car, dans son propre royaume, cette armée a enlevé du butin et semé partout le désordre. C’est pourquoi l’empereur lui-même te défend de demeurer plus de trois jours dans aucune des villes de son royaume, jusqu’à ce que tu sois arrivé à la ville de Constantinople. Nous prescrirons, en vertu des ordres de l’empereur, dans toutes les villes par lesquelles tu auras à passer, que l’on vende tranquillement à toi et aux tiens toutes les choses nécessaires, et qu’on ne mette aucun obstacle à ta marche puisque tu es Chrétien, et que tes compagnons sont Chrétiens. L’empereur te remet en outre entièrement toutes les fautes que, dans leur orgueil et dans leur fureur, tes soldats peuvent avoir commises contre le duc Nicétas ; car il sait que déjà ils ont chèrement expié ces offenses. »

En recevant ce message de paix de la part du seigneur empereur, Pierre fut extrêmement satisfait, et versant des larmes de joie, il rendit grâces à Dieu qui, après un châtiment bien sévère sans doute, mais bien mérité, lui accordait, à lui et à tous les siens, la faveur de paraître en présence du très-magnifique et très-renommé empereur.

Empressé d’obéir à ses ordres, Pierre quitta la ville de Sternitz et se rendit dans la ville de Phinopolis avec tout son peuple. Là ayant raconté ses malheurs et ses