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histoire des croisades ; liv. i.

voulait, ce qu’il desirait de lui. Pierre lui demanda de lui faire donner, dans sa bonté, de quoi se nourrir lui et tous les siens, ajoutant qu’il avait perdu des richesses innombrables par l’imprudence et la rébellion des hommes de sa suite. Ayant entendu cette humble prière, et touché de compassion, l’empereur ordonna de lui faire compter deux cents byzantins d’or, et de distribuer à son armée un boisseau de pièces de monnaie que l'on appelle tartarons. Après cette entrevue, Pierre se retira du palais de l’empereur qui parla de lui avec bonté ; mais il ne demeura que cinq jours dans les champs voisins de Constantinople. Gautier Sans-Avoir dressa ses tentes dans le même lieu, et dès ce moment ils se réunirent et mirent en commun leurs provisions, leurs armes et toutes les choses dont ils avaient besoin. Les cinq jours écoulés, ils replièrent leurs tentes, et traversant le bras de mer de Saint-George sur des navires que l’empereur leur fit fournir, ils descendirent sur le territoire de Cappadoce et arrivèrent, à travers les montagnes, à la ville de Nicomédie où ils passèrent la nuit. De là ils allèrent dresser leur camp auprès du port que l’on appelle Civitot. Des marchands venaient sans cesse conduisant des navires chargés de vivres, de grains, de vin, d’huile, d’orge et de fromages, et ils vendaient toutes ces denrées aux pélerins en toute équité et bonne mesure. Tandis qu’ils jouissaient de cette abondance de toutes les choses nécessaires à la vie, uniquement occupés de réparer leurs forces épuisées, des députés de l’empereur très-chrétien vinrent porter à Pierre et à son armée la défense de diriger leur marche vers les montagnes de la ville de Nicée, dans la crainte