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albert d'aix.

et des vivres, et de travailler ainsi à affaiblir Soliman en attendant que l’armée des grands princes que l’on attendait se rapprochât davantage.

Soliman cependant, duc et prince des Turcs, informé de l’arrivée des Chrétiens et des déprédations qu’ils exerçaient, rassembla quinze mille hommes des siens dans toute la Romanie et dans le royaume du Khorasan, hommes très-habiles à faire la guerre avec leurs arcs de corne et d’os, et excellens archers. Deux jours après la victoire des Teutons, il revint à Nicée, arrivant des pays lointains et conduisant sa nombreuse armée. Sa douleur et sa colère s’accrurent encore lorsqu’il apprit, que les Allemands venaient d’envahir son château, après avoir tué ou chassé tous ceux qui y étaient. Le troisième jour, au lever du soleil, Soliman partit avec toute sa suite et se rendit vers le fort que les Teutons avaient occupé. Ses porte-drapeaux l’attaquèrent vigoureusement avec un grand nombre d’archers, lancèrent leurs flèches sur les Teutons qui résistaient bravement du haut de leurs remparts ; mais enfin ne pouvant se défendre plus longtemps, et forcés d’abandonner les murailles pour éviter les flèches qui tombaient sur eux comme la grêle, tourmentés et dénués de ressources, ils cherchèrent dans l’intérieur du fort à se mettre à l’abri des traits qui les accablaient. Les Turcs, voyant les Allemands éloignés des murailles, firent leurs dispositions pour les escalader. Mais ces derniers, renfermés en dedans et inquiets pour leur vie, opposaient leurs lances à tous ceux qui voulaient se présenter ; d’autres leur résistaient de front avec leurs glaives et leurs haches à deux tranchans, en sorte que les Turcs n’osaient