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histoire des croisades ; liv. i.

et de trois cents cavaliers seulement bien cuirassés, et, dressant leurs bannières, partant en grand tumulte, ils allèrent enlever sept cents bœufs et beaucoup de menu bétail dans les prairies de Nicée ; puis revenant vers les tentes de Pierre, ils firent un bon et grand festin, et vendirent beaucoup de bétail aux Grecs et aux matelots sujets de l’empereur. Les Teutons, voyant que ces entreprises avaient fort bien réussi aux Français et aux Romains, et qu’ils étaient revenus maintes fois sans rencontrer aucun obstacle et ramenant beaucoup de butin, enflammés d’une semblable avidité, formèrent un corps de trois mille hommes de pied et de deux cents cavaliers seulement, et marchant avec des bannières rouges et couleur de pourpre, ils suivirent les sentiers pratiqués dans les mêmes montagnes, et arrivèrent auprès d’un château appartenant à Soliman, homme magnifique, duc et prince des Turcs, situé vers le point où se terminent les montagnes et la forêt, à trois milles de distance de la ville de Nicée. Ils attaquèrent le château de toute la force de leurs armes et en poussant des cris de guerre, si bien qu’ils s’en emparèrent et passèrent au fil de l’épée tous les habitans, excepté cependant les Chrétiens Grecs qui furent épargnés ; mais tous les autres hommes qu’ils trouvèrent dans le fort furent tués ou chassés. Après avoir pris possession du château et s’être débarrassés de ses habitans, ils se réjouirent dans la grande abondance de vivres qu’ils y trouvèrent. Enivrés de leur victoire, ils résolurent d’un commun accord de demeurer dans ce lieu, d’où il leur serait facile d’occuper le territoire et la principauté de Soliman, d’y enlever de tous côtés du butin