sors, se flattant que sa protection leur serait infiniment utile, attendu qu’il était évêque de la ville. Le pontife cacha soigneusement tout l’argent que les Juifs lui remirent ; il les reçut sur une terrasse très-spacieuse pour les dérober à la vue du comte Emicon et de ceux qui le suivaient, afin de les conserver sains et saufs dans son habitation, le plus sûr asile qu’ils pussent trouver en ce moment. Mais Emicon et tous ceux de sa bande ayant tenu conseil, allèrent, au lever du soleil, attaquer à coups de flèches et de lances les Juifs enfermés dans ce lieu élevé et découvert. Ayant brisé les serrures et enfoncé les portes, ils les atteignirent et en tuèrent sept cents qui cherchèrent vainement à se défendre contre des forces trop supérieures ; les femmes furent également massacrées, et les jeunes enfans, quel que fût leur sexe, furent aussi passés au fil de l'épée. Les Juifs voyant les Chrétiens s’armer en ennemis contre eux et leurs enfans, sans aucun respect pour la faiblesse de l’âge, s’armèrent de leur côté contre eux-mêmes, contre leurs co-religionnaires, contre leurs enfans, leurs femmes, leurs mères et leurs sœurs, et se massacrèrent entre eux. Chose horrible a dire ! les mères saisissaient le fer, coupaient la gorge aux enfans qu’elles allaitaient, et transperçaient également leurs autres enfans, aimant mieux se détruire de leurs propres mains que de succomber sous les coups des incirconcis.
Il n’échappa qu’un petit nombre de Juifs à ce cruel massacre, et quelques-uns reçurent le baptême, bien plus par crainte de la mort que par amour pour la foi chrétienne. Chargés de leurs riches dépouilles, le comte Emicon, Clairambault de Vandeuil, Thomas