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albert d’aix.

et tout cet innombrable ramas d’hommes et de femmes poursuivirent leur voyage pour Jérusalem, dirigeant leurs pas vers le royaume de Hongrie, où l’on était en usage de ne point refuser aux pèlerins la faculté de passer sur la route royale. Cependant lorsqu’ils arrivèrent auprès de la citadelle du roi, appelée Mersebourg, entourée de marais formés par les fleuves du Danube et de la Leythi, ils trouvèrent le pont et la porte fermés en vertu des ordres du roi de Hongrie, car tous les Hongrois saisis d’une grande terreur depuis qu’ils avaient massacré les compagnons des pèlerins, et les cadavres de ceux-ci répandaient encore une odeur infecte lorsque cette nouvelle armée arriva dans le pays. Elle était plus forte que les précédentes, et se composait de deux cent mille individus, chevaliers ou gens de pied ; mais il y avait tout au plus trois mille hommes à cheval. Trouvant donc la porte fermée, et ne pouvant en aucune manière pénétrer dans le royaume, ils dressèrent leur camp dans la plaine et envoyèrent des députés au roi pour lui demander la paix ; mais ils ne furent écoutés ni dans cette demande ni dans leurs promesses. Émicon, Clairambault, Thomas, hommes illustrés par leurs faits d’armes tinrent alors conseil avec les plus sages et résolurent de dévaster les terres du roi situées dans le voisinage, et de ne pas se retirer de leur position avant d’avoir établi un pont sur le marais et sur la Leytha, pour avoir un moyen quelconque de s’approcher des murailles de la citadelle, de les percer d’outre en outre et de s’ouvrir ainsi un passage de vive force. Ils demeurèrent longtemps devant la forteresse depuis le milieu du mois de juillet, construisant leur pont et