à l’égard des choses dès qu’il les connaît ; et ajoutons qu’il les connaît toujours dès que son métier l’y oblige, mais cette connaissance est bien loin d’épuiser le sens de ce beau mot, l’esprit juste. Il faut juger de l’humanité d’après d’autres principes. Voir les hommes sous l’idée de nécessité, cela est court, cela n’est pas juste. D’autant qu’ils y descendent dès qu’ils se sentent pris ainsi. L’idée que les commerçants volent autant qu’ils peuvent les rend tous voleurs en effet ; voleurs mais non point contents. Ce sont des poètes et des moralistes. Quand on lit dans Marc-Aurèle : « Garder le génie intérieur exempt de souillure », on le croit bien loin du commun. Mais enfin c’était un homme, ce n’était qu’un homme. Non pas si loin du commun. Beaucoup de rois abdiquent sans y penser ; mais l’abdication signifiée, personne n’y consent, ou presque personne ; de là les guerres. L’idée de subir et de suivre la peur à la manière des animaux n’est pas supportée. Terribles redressements. Il est vrai que le misanthrope et le géomètre ne sont nullement éclairés par là, l’un disant que la férocité animale n’est qu’endormie, ce qui n’est même pas une demi-vérité, l’autre disant que la guerre est nécessaire, et au fond fatale, et que nulle volonté n’y peut rien. Jugements profondément injustes, et qui font l’esprit faux. La guerre est plutôt une crise de peur, dominée en beaucoup par un sursaut de liberté. Ce sursaut dépasse seulement le but ; il ne faudrait, pour assurer la paix, que croire ferme à l’héroïsme humain. Mais c’est ici comme dans la recherche technique, où l’homme aime mieux essayer que juger. Car le commencement de l’essai n’effraye point ; au lieu que si on jure de soi, c’est autre chose. L’esprit faux est donc ici comme partout un esprit sans courage.
L’objet se charge de nous apprendre la nécessité ; n’ayons crainte. Mais comment apprendre foi, espérance,