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Page:Alain - Le Citoyen contre les pouvoirs, 1926.djvu/121

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NÉGLIGENTS ET IMPORTANTS

combat ». Ce mot de Vauvenargues éclaire toutes les victoires. Toutes les victoires sont de volonté, et sur l’animal. L’homme est dévoué à l’homme jusqu’à ceci qu’il donne sa vie. Non point dans les sursauts de la fureur ; ces mouvements ne suffiraient point pour la victoire. La Guerre demande bien plus, et elle l’obtient. C’est l’esprit de discipline qui triomphe à la guerre, et l’esprit de discipline c’est l’esprit de paix. Or il est vrai que la guerre a besoin de notre dévouement, de notre volonté, de notre courage. Mais soutenir que ces choses manqueront, c’est se moquer. Le déclamateur juge trop d’après lui-même. Je me souviens d’avoir rencontré plus d’une fois ce combattant d’un autre genre, noir de charbon et couvert de toiles d’araignées ; il sortait de la cave après le danger. Il crie maintenant : « Ne posons pas les armes, ou nous sommes perdus. » On n’entend que lui. Jusques à quand serons-nous dupes des poltrons ?

Clémenceau appartient à la légende. On oubliera les fureurs politiques.CLÉMENCEAU
ET POINCARÉ.

Clémenceau appartient à la légende. On oubliera les fureurs politiques. Le procès Caillaux est une laide chose ; mais dans un temps de massacres, cette intrigue paraîtra petite. Toujours est-il que le rude vieillard, rusé aussi, a laissé à d’autres le ridicule de cette affaire, par cet art d’ignorer, qu’il a porté au plus haut point. Il faut garder les proportions. Les prisons de Caillaux paraîtront de peu à un fantassin qui a perdu une jambe. Il faut que la colère soit indignation, j’entends dirigée.

Je me souviens d’avoir expliqué ces choses à un

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