Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/117

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chœur et évolutions, n’évoque jamais l’invisible, mais plutôt rend tout visible, par la confusion du spectateur et de l’acteur dont le chœur de l’ancienne tragédie a conservé quelque chose.

Il en est tout autrement des jeux qui imitent les actions, jeux de la chasse, de la guerre, jeux de la voiture et de l’avion. Ici l’imagination ne cesse de créer, et ce qu’elle crée n’est rien. Le mouvement ne cesse d’effacer ce qui jamais ne paraît. L’imagination est ici tout franchement ce qu’elle est toujours, à savoir le sentiment d’un mouvement de soi. Il suffit que ce mouvement soit réglé par quelque objet accessoire. Par exemple un chapeau de papier donne l’attitude militaire. Un bâton tient lieu de cheval. Le fouet du dompteur fait le lion. Les bruits s’y ajoutent toujours, qui reviennent à l’oreille comme des objets. Au reste, pour les hommes eux-mêmes, le tambour ajoute au bruit des pas, déjà si éloquent par lui-