Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/116

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d’abord qu’on reconnaît dans l’acteur un être familier, et ensuite par l’épreuve décisive qui vient de ce qu’on joue soi-même un personnage, derrière lequel, ou dans l’enveloppe duquel, on fait croire aux autres et l’on se croit soi-même, ce qui fait un dieu trompeur et véritable. Ce mélange, propre au comédien, a été agité par Diderot, comédien lui-même, et toujours ravi de l’incertitude où il nous laisse. Il n’y a pourtant point d’incertitude réelle quant au progrès de l’émotion dans l’acteur ; car elle va toujours du signe au spectateur, et revient sur l’acteur par les comédiens de la salle, qui savent aussi leur rôle. L’acteur fait croire, et se croit parce qu’on le croit. Ce progrès, ce point d’infatuation, ce retour au simple signe sont partout dans les moindres mouvements de l’acteur. Le sérieux et la sécurité de l’enfant, dans les comédies qui conviennent à cet âge, sont de même source. J’ai cru remarquer que le théâtre enfantin, par