Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/125

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en courage, et l’univers s’étalant en étendue. L’esprit physicien se trouve tout là, ce qui montre bien que la recherche des secrets les plus cachés de la nature importe surtout pour nos mécaniques, et que la première victoire, et principale, qui se fait mieux par les plus faciles connaissances, est de chasser et pourchasser les génies de l’arbre et de la fontaine. Lucrèce visant droit ici, quoiqu’il nous étonne toujours, va jusqu’à dire que les suppositions que l’on peut faire pour expliquer le lever et le coucher des astres, les phases de la lune, et l’éclipse, sont toutes bonnes, pourvu qu’on n’y mette aucun dieu. L’objet propre de la physique, et important pour la justice même, est encore aujourd’hui de nettoyer d’imagination la connaissance du monde, ce qui est sortir d’enfance. Et quel est le moyen d’esprit, ou si l’on veut l’hypothèse mère, qui sauve nos suppositions, toujours téméraires ? C’est le mécanisme pur, ou plus précisé-