Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/129

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cuit des substances qui semblent travailler d’elles-mêmes, comme le charbon, le pétrole ou le torrent ; et il est évident que le tonnerre de dieu ne coûte rien à l’homme ; mais aussi le tonnerre ne travaille pas pour l’homme, et la chute d’eau non plus ; le charbon non plus ; il n’y a que l’homme qui travaille pour l’homme. Ce que l’on apprendra mieux en des machines plus simples, où la matière reste inerte, et nous prête seulement résistance et poids. Car nul ne croira que le poids d’une horloge nous rende autre chose qu’un salaire d’homme, c’est-à-dire exactement, quoique avec moins d’effort et plus de durée, le travail qu’on a dépensé à le remonter. Nul ne pensera que le levier travaille ; il transforme seulement le travail de l’homme. La poulie de même, et le moufle, où pourtant l’on croira trouver quelque magique multiplication de la force, si l’on ne le démonte et remonte, et si on ne l’essaie pas bien des fois. Là se trouve l’alphabet de la