Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/139

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et en jurer par provision. On dit trop vite que le courage n’est pas ; il était au commencement, comme Dieu. C’est ce qui nous engage. À quoi ? À tout ce qui est humain, comme justice, amitié, fidélité, au fond de quoi on trouvera toujours courage. Heureux qui y trouve seulement courage, qui est leur naissance et renaissance. Et, véritablement, si on croit que le monde est juste, la justice est perdue par trop de preuves ; mais si l’on sait que la justice est seulement voulue, et très imprudemment voulue, on cherchera toujours raison dans courage, et non pas, comme on fait à l’envers, courage dans raison. J’anticipe pour dire que la piété, qui est ici ramassée et toute vive, doit être sans récompense ; mais le chemin est long jusque-là. Homère a vu loin lorsqu’il nous montre les dieux attisant la discorde. Que de dieux nous guettent avant le vrai !

J’aperçois au moins, par ce grand chemin, la dialectique propre à l’enfance, et