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CHAPITRE II

LE BOIS SACRÉ

La paix des champs est toujours trompeuse. Les passions d’envie et d’avarice se développent l’hiver, pendant le sommeil des travaux ; sans compter les craintes réelles, d’hommes de guerre et de bandits, sans compter les loups et autres bêtes. L’apparence de paix vient de cette étendue des champs cultivés, où l’on voit à peine un homme ou deux ; ces distances font une guerre silencieuse. Mais je laisse les dangers réels, et, si je puis dire, les mystères réels. L’imagination suit alors une piste ; l’action court. Le paysan est