Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/168

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printemps est tout bon ; quand viendra-t-il ? Le voilà dans ces anémones. Et les semailles d’aller après la charrue et la bêche. Le soleil n’est pas un magicien qui donne et retire ; prier c’est travailler. Platon cite un vieux proverbe : “Qui oserait dire que le soleil est menteur ?” Croire le soleil, c’est labourer l’hiver et fendre des bûches en août. Religion allègre, qui marche avec les travaux. Ici la fête de l’Annonciation, qui est toute la fête. Je veux décrire maintenant la religion sans dieu aucun, qui fête seulement la fidèle nature, mais plutôt la réconciliation de la nature et de l’homme, et la reconnaissance dans le sens le plus fort. Je reconnais le rossignol et le coucou. Je reconnais l’hirondelle et la caille. Je reconnais les signes. J’attends l’événement, je le figure, je le nomme ; il n’y a rien derrière.

Je me plais à décrire notre fête du soleil, et à imaginer aussi ce qu’un sauvage en penserait. Quoi ? Nous dessinons le soleil