Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/169

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sur le sol par le feuillage de l’iris ; nous promenons l’image du pain ; nous semons les roses. Le sauvage cherchera autre chose, et nous-mêmes aussi. Il faut réduire les fêtes à ce qu’elles sont. Plus grandes et plus belles, alors, comme un poème où tout est réel est le plus beau des poèmes. Sans idée aucune nous semons des roses ; c’est que les roses sèment leurs pétales au vent. N’allons pas croire que les peuples naïfs qui fêtent le Printemps fêtent autre chose que leur joie. Comme les fleurs s’ouvrent, les hommes chantent, et il n’y a rien d’autre. Ne cherchez pas le dieu ; cette foi se célèbre elle-même.

La fête de Pâques est la même partout, dès qu’il y a un hiver. Je me demande si les populations trop favorisées célèbrent assez le soleil ; ce culte si raisonnable n’est pas de chez eux. Mais plutôt vivant trop facilement à l’ordinaire, et surtout victimes de catastrophes imprévisibles, ils en sont réduits à un fétichisme violent.