Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/171

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Australie, celui-là institue l’irréligion ; c’est qu’en ces fêtes décrétées le corps rend un autre son que l’esprit. Il faut que tout le paganisme porte tout le Christianisme. Mais les savants sont urbains et travaillent à la lampe ; et quand même ils chercheraient dans les dieux supérieurs quelques traces d’un mythe solaire, ils n’y voient jamais qu’un souvenir de l’ancien culte dans le nouveau. La mémoire ne peut pas tant ; mais la puissance du soleil est toujours la même. Et la nuit de l’année fera toujours un recueillement, et d’abord une sorte de mise en boule, ce qui est prudence. La Noël manque de force, et appelle l’image d’un dieu enfant. Mais, sans aucun dieu, et par les tromperies du printemps, il est encore vrai qu’on se réjouit trop tôt et que l’on dévore les provisions, ce qui est carnaval, fête marquée de folie grimaçante, fête sans avenir, promptement suivie de pénitence ; car le froid revient, et, avec le froid, la peur de