Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/172

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manquer, ce qui est carême, jusqu’à l’explosion de Pâques, où toutefois l’hiver se mêle encore, par l’idée de mort et de résurrection. Ces grands mouvements sont ceux de nos joies et de nos peines, et les mythes ne sont d’abord que des gestes par lesquels nous nous replions ou nous étalons. Les coquillages et étoiles de mer célèbrent la marée. Le soleil avance et recule comme une marée ; nous ouvrons et refermons notre coquille ; tel est le fond de nos cérémonies, sur quoi vient broder la variété politique. Et, afin de nous garder de l’histoire, nous ne devons pas oublier que l’enfance est politique d’abord, avant d’être agreste, et que les dieux à forme humaine sont de nouveau les premiers autour de chaque berceau. Il n’en faut pas moins apprécier cette séparation de la nature et de l’homme, qui se fait en tout homme par les travaux premiers, sans que jamais la ville et César cessent d’entrelacer d’autres couronnes, couronnes de fer, aux couronnes