Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/180

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bêtes, une terrible partie de la politique ? Le paysan joue de sa colère, et le cavalier aussi. Un homme jeté par terre cinq fois de suite est en état de traiter le cheval comme il ne traite jamais l’homme, car il tuerait l’homme ; j’oublie l’esclave humain, qui en effet a part aux privilèges du bétail. On prévoit que la religion paysanne ne sera pas toute de bonne humeur.

L’animal domestique est donc comme un miroir de perfidie. On le craint parce qu’il nous devrait craindre. On le sert, on le croit, on lui obéit, on le tuera, on le mangera. Ce mélange est de ceux qui ont irrité la pensée ; et je vois que la pensée n’est pas encore apaisée. Une idée de faute et d’hypocrisie se trouve certainement par là. Sans aucun doute il faut un haut degré de sympathie, si l’on veut dresser ; et tous les dresseurs imitent autant qu’ils peuvent, comme cette meneuse de dindons de fabrique anglaise, qui va devant avec un grand manteau noir et un chapeau rouge. Ce genre