Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/181

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de politesse a transformé en ornement le vêtement de fourrure ou de plume ; et l’imitation du langage animal va encore mieux de soi. D’où l’on vient à nommer tel homme le Bison, tel autre le Loup, tel autre le Perroquet. Et, parce que le métier de dresseur, comme tous les métiers agrestes, se fixe dans une famille, on comprend à peu près le totem, au moins comme langage, et l’interdiction, selon la caste, de manger telle chair. Mais ce ne sont que des petits morceaux de la coutume agreste. Dans le fait les animaux furent des dieux partout ; l’Homme-Dieu seul pouvait effacer ce culte, quand la politique gouverna l’agriculture, et encore mieux quand l’esclave jugea la politique. La séparation de l’homme et de l’animal est un grand fait de religion, et qui se développe encore, mais non sans hésitation et retours, on dirait presque non sans regrets. L’homme-loup des sculpteurs, et la sirène de nos métaphores, en témoignent encore,