Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/187

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une précaution. Rite, tremblant rameau. Je descends aux enfers ; que les dieux de marbre me protègent, car l’esprit n’y peut rien.

L’esprit s’est perdu par l’orgueil ; et l’orgueil n’est pas principalement ni premièrement un sentiment contemplatif ; il est un élan irrité, un mouvement indomptable, une colère qui s’augmente de soi, mais une suffisance plutôt qu’une dépendance, et d’une certaine manière une domination par l’excès. Telle est la passion du tyran, et chacun est tyran. Je prends donc l’orgueil par la matière, et c’est bien la première apparition de l’esprit. Le sentiment populaire est que les esprits ne sont pas tous bons. Ici donc l’esprit recherche l’extrême malheur, et se console par une frénésie qui est son œuvre. Mais il faut commencer par les mouvements les plus mesurés.

Il y a démesure dans la nature, soit par l’énorme tempête, soit par l’immensité des