Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/192

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Cérès, mère des moissons, est un dieu qui ne peut.

Je crois que l’homme n’a pu éloigner de soi ni dessiner le puissant dieu des animaux et des hommes. Éros et Aphrodite sont des politesses. L’art indien exprime quelque chose de plus fort par l’entassement et entrelacement des formes animales ; aussi par la multiplication des jambes et des bras. Le dieu de la fécondité, c’est l’organe même, et les religions supérieures ne l’ont pas vaincu sans peine. Par un retour de réflexion il se montre une sorte de manie, même dans l’archéologue, de retrouver partout ce symbole, si aisément confondu avec l’arbre, avec la colonne, avec l’obélisque. Et cette confusion est en nous, puisqu’il est évident que toute notre force est dans toutes nos victoires. Sans doute le sublime de l’homme s’exerce à vaincre la pudeur comme la pitié, et n’y parvient que par une ivresse qui est la plus difficile à avouer ; d’où vient qu’on ose