Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/193

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tout. Le sabbat, plus familier à nous que les mystères d’Éleusis, est une sorte de délivrance, par la représentation de ce diable à forme de bouc. Nous feignons que le diable et les sorcières sont un monde séparé et maudit. Ce qui est, comme chacun le sent, se séparer par politique de la partie excessive de soi, et renoncer au bien comme au mal. Mais rien n’est maudit, et le génie de Platon a su mêler de nouveau le ciel et la terre, ce qui nous remet en épreuve, tous. On oublie quelquefois que Socrate parlait à Alcibiade ; manière de parler à soi.

Ces délires sont agrestes. La ville n’en donnerait pas l’idée. Ménades et sorcières retournent au champ et à la montagne, comme pour lutter de plus près avec l’énorme nature. Et c’est bien là que ces impétueux mouvements, qui dépensent, conservent et propagent, trouvent un autre remède que la folie et la mort. Car là l’homme gagne continuellement sa propre vie par travail et fatigue. Là périssent