Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/227

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de vie, entre la nature violente et l’abri humain. Dans l’action de conquête, le danger est toujours d’un instant. Et je pense, d’après les contes, qu’il y eut toujours plus de prodiges dans les terres lointaines que sur les mers. L’eau est monotone, et de puissance réglée, comme le rivage le montre, et le fluide visible ôte tout mystère aux changements. C’est devant le fluide balancé, soulevé, retombant, que l’on aperçoit que la partie explique le tout. Cette nature ne cesse de montrer son intérieur. C’est pourquoi la mer est un lieu de danger plutôt qu’un lieu d’épouvante.

Le navire est un centre et une école de politique, et l’antique comparaison du chef de l’État au pilote devrait être examinée de nouveau ; car il est vrai que la politique du navire ne ressemble guère à la politique urbaine, mais il est vrai aussi que la navigation donne les règles de la politique telle qu’elle serait par la seule