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CHAPITRE XI

POÉSIE

Les dieux agrestes sont sans visage. Ils ne sont que la chose même, divine toujours par ce qui l’entoure. Une source est mystérieuse par les bois et par la montagne. L’arbre et le vent sont ensemble. Ainsi les choses les plus familières ont toujours quelque signification étrangère, et quelque inexplicable résonance. Le citadin de nos jours retrouve quelque chose de cette émotion qui n’a pour objet que la présence du tout dans chaque partie ; et l’appareil mythologique, de faunes, de sylvains, de naïades et de dryades est rabaissé au