Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/232

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niveau des métaphores. Le poète ne cherche pas autre chose que le couvert des bois, l’arbre, la fontaine ; et mieux il les perçoit comme ils sont, plus il les sent comme ils ne sont pas en leur aspect ; et le divin se réfugie tout dans la forme vraie, comme le changement de la poésie et même de la peinture à l’extrême de notre civilisation le donne à entendre de mille façons. Le merveilleux agreste, dès qu’il est représenté par le moyen de la forme humaine, est aussi froid, et par les mêmes causes, que le merveilleux chrétien dans l’épopée. Ce qui doit confirmer dans cette idée que les dieux sylvestres sont une importation de la ville, et un pullulement des dieux du foyer. Le paganisme est souvent confondu dans la religion olympienne, qui pourtant n’est nullement agreste, mais politique. Or ces dieux secondaires ne sont plus alors que des dieux inoffensifs, qui représentent bien mal la souveraine nature et les puissances réelles auxquelles le