Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/247

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furent donc les Lares et les Pénates en tous temps et en tous pays. Ces petits dieux ne sont point nature ; bien plutôt ils sont conquis contre la nature, qui tue comme elle nourrit, et qui oublie tout, et qui s’oublie elle-même par ses recommencements. On voit qu’il importe de marquer des degrés ici, depuis le dieu du dehors et du jour, toujours un peu fou et souvent méchant, jusqu’au dieu de la maison et de la veillée, qui n’est jamais que sage et secourable. Et toutefois il faut encore se séparer de celui-là, car il s’écoulera du temps avant que le fils ressuscite dans la gloire du père. Le foyer n’est pas seul. La cité l’entoure ; le temple le domine ; et les dieux de la commune puissance n’ont pas souvent le temps d’être bons. Ave, Cæsar, morituri…