Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/276

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qui viennent d’exprimer sans faire, et qui sont toujours le signe, même chez nos gymnastes intempérants, d’un savoir faire qui va contre le savoir être. Si surhumaine que soit cette image de l’homme, ce n’est pas peu de chose de l’avoir tracée, et si près de l’homme, si ressemblante à l’homme, si terrestrement heureuse. Une fois, donc, l’homme se trouve heureux dans ses limites et puissant par soi. Ce qui lui manque, il le refuse, il s’en est séparé. Il refuse les cent bras comme il refuse la complicité de l’arbre, du torrent et du feu. Ce ne sont plus que des moyens indifférents, comme l’aigle à côté de Jupiter ; des moyens qu’on n’estime point. L’homme règne.

Non pas une autre vie. La vie humaine suffit. Il ne lui manque que de durer toujours. Il ne manque à la perfection athlétique que de rester à jamais à son point de maturité. Le dieu c’est l’homme qui ne meurt pas. Et que fait le chef immortel dans les pensées des commémo-